L'affaire Gregory

L'enquête commence...
17 octobre 1984
Gregory est mort la veille, ses parents ont fait une nuit blanche.
Ce même jour, ils reçoivent la lettre de la revendication du crime.


Jean Marie revendique sans cesse que les corbeaux sont Jacky et Liliane. Après trois ans et demi, toute la famille n’a plus aucun doute et a conclu que les corbeaux sont bel et bien Jacky et Liliane. Mais les gendarmes écartent rapidement cette piste parce qu’ils auraient un alibi au moment de l’enlèvement. Etienne Sesmat, 30 ans, capitaine de la gendarmerie, vient d’être muté un an plus tôt dans les Vosges. Son manque d’expérience en tant qu'enquêteur, écarte dès le début de l'enquête Jacky et Liliane.
Le jour de l'enterrement de Gregory presque 700 personnes seront présentes au obsèques.
Jacky et Liliane seront les seuls qui ne seront pas présents à l’enterrement de Gregory.
18 octobre 1984
Preuve sur la scène du crime
A quatre cent mètres des lieux ou le corps de Gregory a été retrouvé, les gendarmes ont retrouvé la trace de pneus d’une Renault4 et l’empreinte d’un talon d’une femme. Mais d’après les pêcheurs locaux et les enquêteurs, il aurait été impossible que le corps de l’enfant ait pu naviguer jusqu’à l’endroit ou Gregory a été retrouvé. A moins d'avoir marché avec Gregory jusqu'à l'endroit ou il a été déposé dans la Vologne.
Les dictées
Les enquêteurs mettent en place des dictées pour essayer de repérer qui a pu écrire les lettres anonymes.
140 personnes voire plus sont convoquées pour écrire la lettre de revendication du meurtre. Les enquêtes n’aboutissent à rien et de toute façon, quel est l’intérêt ? Y-a-t il un meurtrier qui va écrire de la même façon que sa lettre de revendication du meurtre ? Sans résultat.
Quant à Bernard Laroche, les experts ont analysé et approfondi les recherches sur son écriture en reprenant tous les documents et écrits de celui-ci et en on conclut « il n’y a aucune ressemblance et pas d’analogie entre l’écriture des lettres anonymes et l’écriture de Bernard Laroche »
Après les dictées, Liliane a lancé une fausse rumeur au journaliste Denis Robert en prétendant que les enquêteurs avait confondu les "m" et les "l" du corbeau.
Liliane se rend souvent à la gendarmerie pour suivre l'avancement de l'enquête. Un gendarme lui a confié qu'ils avaient des soupçons concernant Bernard Laroche. Après avoir appris cette nouvelle, elle ira confirmer tout cela à Éric Darcourt et à Jacques Expert, affirmant qu'ils sont sur la bonne piste et que Bernard est sûrement le meurtrier. Ils lui poseront alors une avalanche de questions sur ce présumé Bernard, et elle prendra le temps de répondre à chaque question en accusant Bernard. Elle s'impliquera dans l'affaire comme si elle travaillait à la gendarmerie. Grande séductrice, elle se fait alliée avec tous les enquêteurs impliqués dans l’affaire.
19 octobre 1984 L’erreur fatale
Marie-Ange Bolle, le femme de Bernard Laroche téléphone à la gendarmerie depuis un café pour émettre ses doutes concernant Jacky et Liliane. Elle dit téléphoner depuis un café car son mari, qui travaille de nuit, dort encore et elle ne veut pas le réveiller. Les gendarmes lui proposent de venir sur place pour procéder à une audition.
22 octobre 1984
Marie Ange est auditionnée à la gendarmerie, elle déclare avoir vu Jacky, Liliane et leur fils Eric le 16 octobre à 5 heures du matin. Elle pensait que cette information pouvait faire avancer plus vite l’enquête. Cela n'interpelle pas les gendarmes car le crime a été commis en fin de journée. Elle oriente également que les Hollard, des cousins éloignés, pouvaient être impliqués. Les gendarmes veulent en savoir plus sur ses intentions et si Marie Ange et son mari son impliqués dans l'affaire.
Du 22 octobre au 26 octobre
Trois portraits-robots ont été établis par trois témoins qui pensaient que ces personnes pourraient potentiellement être des suspects, bien qu'ils n'aient pas de lien direct avec l'affaire.
Le premier portrait-robot représente un homme avec des lunettes et sans moustache. Après avoir vu son portrait dans les journaux, cet individu s'est spontanément présenté à la gendarmerie et a été écarté de l'enquête, n'ayant aucun lien avec l'affaire.
Le deuxième portrait-robot, établi par Michel Deruder, ressemblait à Bernard Laroche. Cependant, Deruder est le mari d'Evelyne, la cousine de Bernard Laroche. Evelyne et son mari, lors de leur audition, ont été catégoriques : ce n'était pas leur cousin Bernard Laroche.
Le troisième portrait-robot établi par Michel Cornillie, un cafetier de Docelles, aurait décrit l'un de ses clients portant une fine moustache tombante tout en regardant l'horloge du café. Comme ce client avait l'air un peu agité, il a pensé qu'il pourrait être le meurtrier. Les conséquences de son témoignage ont attiré un grand nombre de journalistes et d'enquêteurs, ce qui l'a agacé et l'a rendu réticent à être interrogé à nouveau.
26 octobre 1984
Jacky se tourne vers Jean-Marie, s'adoucit et veut arranger leur relation. Il devient presque irréprochable. Jean-Marie, avec son bon cœur, voudrait presque s'excuser d'avoir eu des doutes sur la culpabilité de son demi-frère. Jacky, ayant assouvi sa haine dans la mort de Grégory, n'est plus le seul à souffrir. Sa vengeance est faite. Le corbeau est mort le même jour que Grégory.
30 octobre 1984
Deux expertes en écriture découvrent un "foulage" sur la lettre de revendication du crime, c’est-à-dire une empreinte ou une trace laissée par un stylo pressé sur une feuille précédente de celle-ci. Il y aurait la lettre L en calligraphie et un B en script. Pour le L en calligraphie, c’est bien confirmé, il n’y a pas eu d’enquêtes supplémentaires, mais pour le B, comme il ressemble à deux triangles superposés, elles hésitent aussi avec un T. Quoi qu'il en soit, les expertes pensent à "Laroche Bernard". En perquisitionnant chez Bernard, Les enquêteurs ont trouvé des documents avec l’écriture de celui-ci et ont constaté qu’il n’écrit pas de L en calligraphie mais il écrit les B en typographie. Suite à cela il sera convoqué le lendemain pour une audition.
Qui aurait pu signer avec une majuscule "L" en calligraphie ? L
Par la suite, la lettre a été envoyée dans un laboratoire spécialisé pour analyser ces fameux B en forme de deux triangles, mais sans succès. Les poudres utilisées pour déceler des empreintes digitales n'ont pas épargné le papier. Ce "foulage", dit incrédule, ne donnera rien. Cette pièce a été annulé et sorti du dossier.
31 octobre 1984
Suite au foulage retrouvé sur la lettre de revendication du crime, Marie-Ange Bolle et Bernard sont placés en garde à vue et interrogés séparément. Les gendarmes affirment à Marie-Ange que Bernard a avoué être le meurtrier de Grégory. En réaction, Marie-Ange se défend et dit que c'est impossible, Bernard n'aurait jamais pu dire cela. Les gendarmes continuent de la presser en prétendant qu'ils détiennent des preuves de la culpabilité de Bernard. En effet, ils essayent de "prêcher le faux pour savoir le vrai". Cependant, elle ne se laisse pas démonter. Après neuf ans de relation, elle sait que son mari est totalement innocent. Leur stratagème n'a pas fonctionné.
Pour Bernard, il explique qu'il était chez tante Louisette à Aumontzey en attendant son ami Zonca pour acheter du vin comme celui-ci n'arrivait pas, Bernard a pris sa voiture et est allé jusque devant chez lui à Granges. Il n'était pas là non plus donc il est retourné chez tante Louisette vers 17h30. Quand il arrive il voit Murielle qui est rentrée de l'école et reprend la route pour aller au magasin acheter le vin.
Les auditions sont terminées. Tous les deux peuvent rentrer chez eux à la maison mais les gendarmes n'en n'ont pas fini pour autant.
1 novembre 1984
Le lendemain, les gendarmes retournent chez Marie Ange et Bernard. En questionnant ceux-ci ils aperçoivent Murielle, la petite rouquine, les gendarmes se tournent vers Murielle et lui posent la question qu’est ce que vous avez fait à 17h30 ce 16 octobre ?
Murielle répond “j’étais à l’école, j’ai finis à 17h, ensuite j’ai pris le car, je suis rentré chez tante Louisette et j'ai vu Bernard.
Cette contradiction avec Bernard intrigue les enquêteurs. Dans le témoignage de Bernard la veille, il dit qu'il est rentré et a vu Murielle devant la télévision, et Murielle dit que Bernard était déjà là quand elle est rentrée de l'école ? Qui était déjà à la maison ? Murielle ou Bernard ?
Les gendarmes ont la conviction que Bernard Laroche est impliqué dans l'enlèvement de Grégory, mais ils n'ont pas suffisamment d'éléments pour l'inculper. Jusqu’à présent ils ont sois disant un « L » et un B en foulage qui pourrait représenter la signature de Bernard Laroche mais sans certitude. La pression médiatique et de la famille Villemin envers les enquêteurs prend une ampleur phénoménale. Il faut un coupable, et vite.
Déterminés à obtenir des preuves supplémentaires pour le condamner, un témoin pourrait faire l'affaire. Ils proposent à Murielle de venir jusqu’à la gendarmerie pour éclaircir cette situation confuse sur qui était la le premier à la maison à 17h30 le jour du meurtre. Les gendarmes partent en voiture avec Murielle.
Cette jeune adolescente est la cible parfaite. En effet, le créneau horaire auquel Grégory a été enlevé pourrait correspondre à celui de Murielle en compagnie de Bernard. Celle-ci pourrait être un témoin à charge inespéré pour les enquêteurs.
Les gendarmes et Murielle arrivent à la gendarmerie, ils l’installent dans les locaux pour procéder à l’audition. C’est la première fois que Murielle a affaire avec les gendarmes. Profondément intimidée par la présence des autorités, qui semblent déterminés à obtenir des aveux, l’audition l'a déconcerte. Murielle a 15 ans et ne comprend pas ce qu’elle fait là, la seule chose à laquelle elle pense c’est en finir pour rentrer chez elle. Elle répond "oui" ou "non" à chaque question qui lui est posée de manière désintéressée, même si le résultat des réponses contribue à construire un scénario inventé de toute pièce par les gendarmes. La première phrase complète de Murielle sort seulement après 20 minutes d’audition.
Les gendarmes lui font des insinuations sur les conséquences qu'elle pourrait subir si elle ne coopère pas. Ils mentionnent la "maison de correction" comme une menace voilée, créant une atmosphère d'angoisse dans la salle d'interrogatoire.
Malgré ses répétitions affirmant qu'elle a bien pris le car ce jour-là, une contradiction dans son témoignage continue de semer le doute. Elle n'arrive plus à décrire le conducteur du car, ou la description qu'elle fournit ne correspond pas à celui qui, était au volant ce jour-là. Malgré que les enquêteurs ne sont pas sur eux même de qui était le conducteur du car, car il y a des remplacements les semaines d’octobre. Bref, ils font comprendre à Murielle qu’il ne la croit pas sur sa prise du car ce 16 octobre 1984.
Les gendarmes vont alors lui suggérer que Bernard est venu la chercher ce jour là à l'école à 17 heures. Elle répond favorablement à cette proposition, même si cela semble absurde, car Bernard n’est jamais venu la chercher à l’école auparavant. Cependant, elle pense que cette affirmation pourrait dissiper les doutes des gendarmes quant à sa capacité à identifier le conducteur du car.
Ils iront jusqu’à lui demander si elle a déjà eu des relations sexuelles avec son beau frère, Bernard.
Dans l'absence d'un avocat pour la conseiller et se défendre face à ces autorités, elle se retrouve dans une position vulnérable. Dans son esprit, la meilleure stratégie pour mettre un terme à cette audition et retrouver enfin le confort de son chez-soi est de fournir les réponses que les enquêteurs souhaitent entendre. Elle imagine peut-être que cette réponse, même si elle est inexacte, pourrait mettre fin à cette audition qui semble interminable.
La finalité de ce témoignage aurait été conclu comme tel : Bernard serait venu la chercher à l’école avec son fils Sébastien à 17h, puis Bernard aurait pris la route pour se rendre devant chez Jean-Marie car il savait que Gregory jouerait tout seul devant la maison entre 17h05 et 17h15. Il aurait fait monter Gregory dans la voiture. Donc à quatre dans la voiture, (Bernard, Murielle, Sébastien et Gregory) ils se sont dirigés vers la poste de Lépanges, Bernard est sorti de la voiture et aurait poster la lettre de revendication du meurtre à 17h15, puis ensuite ils ont pris la route toujours à quatre pour se rendre jusqu'à Docelles. De là, Bernard aurait fait sortir Gregory de la voiture pour le remettre à deux autres personnes inconnues au bataillon mais qui apparemment connaissait l’heure à laquelle Bernard arriverait avec le petit Gregory. Ensuite, il serait rentré chez Tante Louisette pour déposer Murielle à 17h30 et serait reparti uniquement avec son fils Sébastien au supermarché acheter le lot de vins en promotion. Il est arrivé vers 17h40 au supermarché. L’heure d’arrivée au super marché est incontestable car Bernard à un ticket de caisse.
2 novembre 1984
Jean-Marie témoigne dans une interview à la télévision qu'il semble improbable que ce soit Bernard Laroche le coupable, car le corbeau connaissait des détails de ce qu’il passait chez Autocoussin, l'entreprise où il travaille. Même des informations confidentielles que Jean Marie n’avait jamais partagées avec sa propre femme.
Seul Roger Jacquel, le père de Liliane, délégué syndical chez Autocoussin, était au courant de tout. C'est pour cette raison que Jean-Marie l'a aussi accusé d'être le corbeau. N'oublions pas que Roger dînait tous les dimanches avec sa fille Liliane et son gendre Jacky.
Ce même jour, les avocats de Murielle ont réussi à faire annuler ses premiers aveux de la veille. En effet, ils ont contesté son interrogatoire, notamment parce qu'elle n'était pas accompagnée d'un avocat lors de cette première entrevue. Malgré ça, Murielle est de nouveau convoquée à la gendarmerie et a réitéré son témoignage devant le juge Lambert.
Pendant cet interrogatoire, les gendarmes ont utilisé une méthode similaire à celle qu'ils avaient employée avec Marie-Ange. Ils ont adopté l'approche consistant à "prêcher le faux pour savoir le vrai". Ils ont informé Murielle que ni ses amis de classe ni le chauffeur de bus ne l'avaient vue dans le car le 16 octobre 1984. De plus, ils lui ont annoncé que Bernard avait avoué être le corbeau et le coupable du meurtre de Gregory. Pire encore, les gendarmes lui ont prétendu que Bernard accusait également Murielle d'avoir participé à l'assassinat de Gregory. Murielle est sans voix, elle acquiesce.
Face à ces accusations choquantes, Murielle a été plongée dans un mutisme complet. Elle a commencé à penser que Bernard aurait pu commettre le meurtre avant 17h30, l'heure à laquelle elle l'avait vu chez Tante Louisette à Aumontzey. La jeune fille était profondément déstabilisée par ces révélations, car elle se croyait soudainement accusée de complicité de meurtre par son propre beau-frère.
Murielle a passé tout le week-end à la maison en évitant sa famille, submergée par le ressentiment envers Bernard et la confusion qui régnait dans son esprit. Tout au long du week-end, elle s'est murée dans le silence, exactement comme les gendarmes le lui avaient demandé.
5 novembre 1985
Arrestation de Bernard Laroche après le témoignage de Murielle Bolle. Sans aucune preuve, ni rapport d’autopsie, ni de conclusion graphologiques. Bernard fait la une des journaux en étant accusé d’être le meurtrier de Gregory.
6 novembre 1984
Murielle commence à prendre conscience de la gravité de la situation. Elle se rend compte aussi qu'elle a été utilisée et manipulée pour répondre aux besoins des gendarmes qui était désespérément à la recherche d’une preuve incontestable.
Marie ange et Murielle ne veulent pas se laisser faire. Elles téléphonent aux journalistes. et veulent crier leur vérité, la vérité.
« Je n’étais pas dans la voiture de Bernard, j’ai jamais été sur Lépanges tout ca, ou le gosse a été noyé, je connais pas Lépanges, ni Docelles je n’ai jamais été là. Bernard est innocent, mon beau frère est innocent. Jamais été avec mon beau frère. Elle dénonce les gendarmes de l’avoir mal traité psychologiquement durant l’audition et de l’avoir obligé à témoigné contre son beau frère sous peine d’aller en maison de correction. »
Murielle ne changera plus jamais de version de sa vie.
8 novembre 1984
Avec le dernier témoignage de Murielle, pour le public Bernard et Murielle reste suspect mais pourrait être aussi innocent, il faut un autre coupable. Et si c’était Christine Villemin, la mère de Gregory?
9 novembre 1984
Plus de trois semaines après la mort de Grégory, une boîte d'insuline a été retrouvée près de la scène du crime. Murielle Bolle a alors été accusée d'avoir pu injecter de l'insuline à Grégory, car sa mère souffrait de diabète. Les médias ont émis des hypothèses, mais rien ne tenait la route. Les experts ont prouvé que ce ne sont pas les mêmes seringues utilisées par la mère de Murielle. Celle-ci avait un mélange spécifique fait par son médecin, et ce n'était pas non plus le même lot de seringues. Cette piste a été annulé.
Ce même jour, toute la famille Villemin et Jacob est réunie dans la grande salle à manger de la maison Villemin. Les événements récents les ont laissés perplexes, et ils sont déterminés à découvrir l'identité du corbeau qui hante leurs vies depuis trop longtemps. Pour mettre un terme à cette situation, ils ont une idée plutôt inhabituelle : chacun à son tour doit imiter le corbeau pour déterminer qui a la plus grande ressemblance vocale avec celui-ci.
La tension est palpable alors que Monique, Albert, Jean-Marie, Michel, et même les membres de la famille Jacob, se prête au jeu, une personne manque à l'appel : Jacky. Assis en retrait, il observe silencieusement la scène, il refuse d’imiter la voix du corbeau en prétextant que ce n'est pas son truc.
La soirée se termine sans réponse définitive, mais elle a permis à la famille de se rapprocher et de partager un moment de complicité inhabituel depuis la mort de Gregory. Pourtant, dans l'ombre, Jacky garde toujours ses secrets, refusant de dévoiler la vérité.
4 Février 1985
Fin de la détention provisoire pour Bernard Laroche et Implication de Christine
Bernard Laroche vient de passer trois mois en prison. Il est libéré pour non-lieu, annulation de pièces de procédure et contre l'avis du parquet. Marie-Ange va le chercher.
"J'ai passé trois mois pour rien dans cette prison", dit Bernard. "Je n'ai rien à voir dans cette histoire, mais ce n'est pas ce qui me fait le plus mal. C'est qu'on ait insulté notre gamin qui me fait mal, qu'on ait traité notre fils ainsi. Le pire, c'est pour le gamin."
Il est vrai que Sébastien avait un kyste à l'arrière de la tête et devait porter un drain. Mais les médias l'ont amplifié comme s'il était handicapé mentalement, alors que ce n'était pas le cas.
Les deux prochains mois, Bernard retourne travailler. Son avocat lui propose de prendre des vacances, mais Bernard rétorque en disant qu'il ne voit pas pourquoi il ne devrait pas continuer à vivre normalement malgré toutes les accusations. "Je n'ai rien à me reprocher", décide-t-il de continuer sa vie normalement
29 mars 1985 Mort de Bernard Laroche
Bernard finit le travail vers 13h. Marie-Ange vient le chercher, et ensemble, ils décident d'aller acheter des survêtements pour leur fils. Alors qu'ils sont dans la voiture pour rentrer, Marie-Ange annonce à Bernard qu'elle attend un bébé. Bernard sourit et répond, "Peut-être que cette fois-ci, ce sera une petite fille. Le principal, c'est qu'il soit en bonne santé."
Ils arrivent devant leur maison, mais à leur grande surprise, Jean-Marie est déjà là, tenant un fusil. Accablé par l'harcèlement des médias, l’incompétence des enquêteurs et sa douleur profonde d'avoir perdu son fils l’ont rendu fou. L'enquête avait accusé Bernard mais sans preuve concluante, il avait été innocenté.
Surtout qu’une heure plus tôt, Jean-Marie avait regardé un reportage à la télévision montrant Marie-Ange et Bernard, semblant heureux d'être de retour dans leur vie normale avec leur fils Sébastien du même âge que Gregory. Et pour couronner le tout, la presse et les enquêteurs commençaient à soupçonner Christine. Tout cela était devenu insoutenable pour Jean-Marie.
"Pourquoi tout le monde dit ça sur Christine ? C'est de ta faute", dit Jean-Marie.
"Je te comprends, Jean-Marie, mais je te jure que ce n'est pas moi. Fais pas le con", répond Bernard.
Jean-Marie réplique, "Il paraît que tu ne veux pas t'expliquer avec moi ?"
"Jamais dit ça. Pose ton fusil sur la voiture, on va discuter. Je te jure, je n'ai jamais fait de mal à ton gosse, ce n'est pas moi."
"Il faudra bien que tu me dises quelque chose à propos de Michel", insiste Jean-Marie.
"Pose ton fusil et viens", répond Bernard.
PAN ! Le coup est parti. Jean-Marie a tiré dans la poitrine de Bernard. Bernard tombe par terre, mais ne meurt pas sur le coup. Il n'y a pas encore de sang qui coule. Sébastien, son fils, s'approche, il touche son père. "Maman, maman, j'ai plein de sang sur moi", dit Sébastien.
Marie-Ange se penche sur son mari., ses larmes coulent toutes seules. "Je t'en supplie, ne pars pas maintenant", dit Marie-Ange. Bernard la regarde pour la dernière fois et lui fait un signe de tête "non". Il essaie de s'accrocher aux cheveux de Marie-Ange d'une main et tente de se relever de l'autre. Marie-Ange, enceinte de presque deux mois, lui dit, "Nous allons avoir un autre enfant. Je t'en supplie, ne pars pas maintenant." Mais Bernard lâche prise. Plus de force. Ses yeux se ferment tout seuls, son cœur s'arrête. C'était fini.
Les deux médecins de famille arrivent. "Navrés, Madame Laroche, votre mari est mort."
